Il nous est tout aussi impossible de parvenir à un succès véritable et durable sans vivre en harmonie avec les lois de la vie, qu'à un criminel de vivre paisiblement dans la société dont il transgresse les lois. Comme ce malfaiteur est finalement puni pour ses habitudes spoliatrices et incarcéré, de même la nature frappe de peines et de contraintes ceux qui violent ses lois. La contrainte se nomme la maladie qui est l'ennemie du bonheur; quelle que soit en effet la fortune ou la position sociale acquise, nul ne peut être heureux si son corps physique souffre de maladie. On voit ainsi que pour l'homme et la femme qui désirent la réalisation complète du bonheur et du succès dans la vie, une des conditions essentielles est la santé et aussi la vigueur. Nous ne pouvons arriver à être optimiste, frais et dispos pour atteindre le succès recherché, que dans la mesure où nous jouissons d'une belle santé.
La Bible nous dit que la mort et la maladie sont venues en ce monde parce que l'on a goûté à "l'arbre de la connaissance" (Genèse 3:1), et bien que du point de vue matérialiste, cela puisse paraître absurde, ne rejetons pas cette histoire avant d'y avoir regardé d'un peu plus près. Nous trouverons qu'elle est en parfaite harmonie avec les faits scientifiques tels qu'ils sont actuellement démontrés. Voyons tout d'abord quelle est la signification de l'arbre de la connaissance, telle qu'elle est illustrée par les citations suivantes: "Adam connut sa femme et elle conçut Abel"; "Adam connut sa femme et elle enfanta Seth"; et par les paroles de Marie à l'ange: "Comment pourrai-je concevoir, puisque je ne connais point d'homme"? Ces citations, et d'autres semblables, nous montrent que l'arbre de la connaissance est, de toute évidence, une expression symbolique de l'acte de reproduction. L'humanité est donc, comme le dit la Bible, conçue dans le péché et, par conséquent, sujette à la mort: il semble ne pas y avoir d'autre issue.
Cependant, l'évolution étant un fait de la nature, l'homme, tel qu'il est aujourd'hui, est le résultat d'un long passé, et l'état présent n'est pas le degré final d'un standard de perfection, car il existe de plus grandes hauteurs devant nous. Nous sommes dans un état d'éternel devenir; il n'y a ni halte ni repos le long du sentier qui est illimité comme l'âge de l'esprit. En outre, ce que nous sommes aujourd'hui étant le résultat de ce que nous avons été hier, de même ce que nous serons demain dépend de la manière dont nous utilisons aujourd'hui nos facultés. Etudions donc le passé afin que, sachant ce que nous avons été, nous puissions savoir ce que nous devons être.
Selon la Bible, l'humanité était à la fois masculine et féminine avant d'être séparée en deux sexes distincts comme homme et femme. Il y a encore parmi nous des hermaphrodites dotés de cette particularité, que nous considérons aujourd'hui anormale, mais qui prouve la vérité de l'assertion biblique; d'ailleurs la physiologie nous enseigne qu'en chacun de nous l'organe sexuel opposé existe à l'état latent. Durant la période où l'homme était hermaphrodite, la fécondation devait s'effectuer en lui-même; cela n'est d'ailleurs pas plus étrange que la fécondation hermaphrodite de beaucoup de plantes actuelles.
Voyons maintenant, selon la Bible, quel était l'effet de l'auto-fécondation en ces temps reculés. Deux faits de première importance sont mis en évidence: l'un est qu'il y avait des géants sur la Terre à cette époque; l'autre que les patriarches vivaient des siècles entiers; et ces deux caractéristiques, forte croissance et longévité, sont l'apanage de nombreuses plantes aujourd'hui. La haute taille des arbres et leur durée de vie sont remarquables; ils vivent plusieurs siècles pendant que l'homme vit quelques dizaines d'années seulement. Dès lors se pose la question: quelle est la raison de la brièveté de la vie humaine, et quel en est le remède? Considérons d'abord la raison de cette brièveté et le remède deviendra alors évident.
Les horticulteurs savent bien que les plantes s'étiolent lorsqu'elles fleurissent abondamment. Un rosier peut fleurir au point d'en dépérir; c'est pourquoi le jardinier avisé taille les bourgeons de la plante afin que la force serve en partie à la croissance plutôt qu'à la floraison. Ainsi, en gardant la semence en elle (I Jean 3:9), la plante acquiert la force requise pour la croissance et la longévité. Tel était le secret de la haute stature et de la longévité des premières races, comme c'est aujourd'hui le secret de la taille et de la longévité des plantes.
Que l'essence créatrice qui est à l'intérieur de la semence soit une substance spirituelle est un fait évident, si nous comparons la fougue et l'impatience de l'étalon ou du taureau sous le frein, à la docilité du hongre ou du boeuf. Nous savons en outre que le libertin invétéré et le débauché deviennent stériles et finissent par dépérir. Lorsque nous sommes devenus conscients de ces faits, il est facile de comprendre la véracité de l'assertion biblique selon laquelle le fruit de la chair qui nous soumet à la loi du péché et de la mort, est d'abord et surtout la luxure, alors que les fruits de l'esprit qui conduisent à l'immortalité sont par excellence, ainsi que l'indique le même livre, la continence et la chasteté.
Considérons aussi l'enfant et la façon dont la force créatrice utilisée intérieurement et à son profit détermine une croissance importante durant les premières années, mais à l'âge de la puberté la naissance de la passion commence a tenir la croissance en échec; la force vitale produit alors la semence afin de trouver ailleurs croissance et expression, et c'est pourquoi la croissance s'arrête. Si nous continuions à grandir comme durant l'enfance, nous deviendrions des géants, comme les divins hermaphrodites des temps jadis.
La force spirituelle produite dès la puberté et durant toute la durée de la vie peut être employée à trois fins: à la génération, à la dégénérescence ou à la régénération. C'est à nous de choisir l'une des trois, ici et maintenant, sachant que le choix que nous ferons aura une importante influence sur toute notre vie, car l'emploi de cette force n'est pas limité, dans ses effets, au moment ou à l'occasion de l'utilisation. Il affecte chaque instant de notre existence et détermine notre attitude dans chacune des phases de la vie parmi nos semblables: comment nous faisons face aux épreuves variées de la vie; si nous sommes capables de saisir les occasions qui se présentent à nous ou si nous les laissons échapper; si nous sommes bien portants ou malades; si nous vivons notre vie pour atteindre un but satisfaisant; tout cela dépend de la manière dont nous utilisons la force vitale. Cette force est le véritable ressort de toute notre existence, l'élixir de vie.
La part de la force créatrice qui est légitimement sacrifiée sur l'autel de la paternité et de la maternité est si infime, qu'elle peut être négligée relativement à ce qui nous occupe ici. Au point de vue physique aussi bien que spirituel, il n'y a aucune raison d'insister sur le célibat dans les ordres religieux, car ce n'est pas non plus en harmonie avec la Bible. La simple suppression de l'attraction sexuelle n'est pas une vertu en elle-même; en fait, elle peut être un vice d'importance car les millions d'individus qu'une convention détourne ou empêche de chercher une satisfaction conforme aux lois de la nature, tombent dans les vices les plus épouvantables. Même s'ils s'abstiennent de l'acte sexuel, leurs pensées sont de telle nature qu'ils deviennent pareils à des sépulcres blanchis (Matthieu 23:27), horribles au dedans, bien que paraissant blancs et purs à l'extérieur. Paul lui-même dit, en parlant d'une condition différente il est vrai, "qu'il vaut mieux se marier que de brûler" (I Corinthiens 7:9), et l'expression naturelle de la force créatrice est de beaucoup préférable aux ravages intérieurs mentionnés ci-dessus.
Tandis que très peu de gens se font les défenseurs de l'abus de la fonction créatrice, beaucoup parmi ceux qui, par ailleurs, suivent des préceptes spirituels, ont encore le sentiment que l'abandon aux relations sexuelles pour le plaisir et la fréquence de celles-ci, ne causent aucun mal; certains sont même d'avis qu'elles sont tout aussi nécessaires que l'exercice de n'importe quelle fonction organique. Cela est faux pour deux raisons: premièrement, chaque relation sexuelle requiert une certaine quantité de force qui brûle les tissus, et ceux-ci doivent être réparés par une quantité supplémentaire de nourriture, ce qui augmente et renforce l'éther chimique. En second lieu, la force créatrice opérant par l'éther vital, cette partie du corps vital se trouve aussi renforcée par chaque abandon à la sensualité. En envoyant ainsi la force créatrice vers le bas pour satisfaire nos désirs de plaisir sensuel, nous fortifions les deux éthers inférieurs; et leur emprise sur les deux éthers supérieurs qui forment le corps de l'âme devient, avec le temps, de plus en plus vive et forte. Du moment que le développement des pouvoirs de l'âme et la faculté de voyager dans nos véhicules supérieurs dépendent du clivage entre les éthers inférieurs et le corps de l'âme, il est évident qu'en cédant à la nature inférieure, nous agissons à l'encontre du but que nous avons en vue et retardons ainsi notre développement.
L'apôtre nous conseille de "garder en nous la semence" (I Jean 3:9) et nous pouvons prendre l'exemple suivant pour illustrer ses paroles: si nous allons au jardin pour y observer la qualité des variétés de fruits sans graines, nous constaterons que ceux-ci sont plus gros et plus savoureux que ceux qui ont des graines, parce qu'en eux toute la sève est employée dans le seul but de rendre le fruit délicieux et succulent. Par analogie, si au lieu de dissiper notre substance, nous vivons chastement et élevons la force créatrice en vue de notre régénération, nous éthérisons et épurons notre corps physique par ce moyen, tout en fortifiant notre corps de l'âme. De la sorte, nous pouvons prolonger notre vie sur terre et multiplier ainsi de manière très sensible les occasions favorables à la croissance de l'âme et à notre avancement sur le Sentier.
La méditation sur des sujets élevés et inspirants a le pouvoir de littéralement transformer les énergies qui imprègnent les fluides sexuels, car ceux-ci sont vraiment porteurs de force éthérique, le véritable agent créateur. Un poème inspiré ou un passage des Ecritures peut servir à canaliser les pensées et le pouvoir créateur en courants qui élèvent l'être. En dirigeant, consciemment, les courants de l'amour pur venant du coeur vers les centres créateurs du cerveau, l'activité sexuelle est transmuée en activités mentales et spirituelles, entraînant une naissance correspondante sur les plans mental et spirituel.
Lorsque nous comprenons que le succès ne consiste pas en l'accumulation de richesses, mais en la croissance de l'âme, il devient évident que la chasteté est un important facteur pour parvenir au succès dans la vie.
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sexuelle